Comme pour tout autre enfant, les jeunes en situation de rue se voient reconnaître le droit à l’éducation et à la santé par la Convention Internationale des Droits de l’Enfant. Néanmoins, cette dernière précise que « tout enfant qui est temporairement ou définitivement privé de son milieu familial […] a droit à une protection et une aide spéciale de l’État ». Un témoignage de la nécessité d’un accompagnement spécialisé, bien que les États ne soient pas toujours à même de remplir leurs fonctions face à un nombre d’enfants en situation de rue qui ne cesse de s’aggraver.
Les Amis des Enfants du Monde auprès des enfants des rues
Alors que l’exposition quotidienne aux dangers des rues (violence, discrimination, malnutrition…) fait de ces enfants les plus nécessiteux en matière d’accompagnement, c’est près de 120 millions d’enfants qui seraient aujourd’hui en situation d’isolement dans les rues à travers le monde. Il s’agit ainsi d’un défi colossal pour proposer à chacun une aide adaptée et des solutions efficaces, surtout que derrière ces 120 millions d’enfants des rues se dévoilent autant d’histoires, de réalités différentes et d’expériences traumatisantes qui doivent être prises en compte par les associations pour adapter leur accompagnement aux besoins spécifiques des enfants.
Ainsi, en 2023, les Amis des Enfants du Monde ont soutenu 18 programmes dans 12 pays différents afin d’adapter au mieux les solutions proposées à l’échelle locale, dans le but de venir en aide à plus de 3 000 enfants directement bénéficiaires de ces programmes « Protéger les enfants isolés ».
La nécessité de restaurer un climat de confiance
Venir en aide à un enfant des rues, c’est venir en aide à des individus qui ont eu, généralement dans un passé très proche, des expériences traumatisantes avec des adultes. Cela complexifie davantage la relation avec les enfants, et demande un accompagnement sur la durée, pas à pas, afin de rétablir sur le long terme une situation de confiance avec des adultes qui puissent être reconsidérés comme « bienveillants ».
A Madagascar, des maraudes sont organisées par notre partenaire Grandir à Antsirabé, avec comme objectif la multiplication d’activités ludiques pour consolider cette relation de confiance si importante. Au programme, sessions dessins, espace de discussions autour d’un thé chaud ou encore visionnage de dessins animés dans un cadre chaleureux et réconfortant.
En Inde, alors qu’un enfant arrive en situation d’isolement sur les quais d’une gare toutes les 5 minutes, des éducateurs spécialisés de notre partenaire SEVAI les abordent afin de les protéger et d’engager, si possible, le processus de réintégration de l’espace familial.
L’enjeu de l’insertion professionnelle
Après qu’un enfant ait été pris en charge, rassuré, parfois soigné, vient l’accompagnement sur le long terme qui vise à octroyer à l’enfant toutes les chances de se sortir au mieux de sa situation précaire. Pour ce faire, les actions humanitaires cherchent à favoriser l’insertion (ou la réinsertion) professionnelle des jeunes, en établissant des « projets de vie » qui les aident à trouver leur voie et à se spécialiser.
Au Sénégal, l’ONG Village Pilote développe des ateliers, collectifs et individuels, afin de définir ces projets de vie et de les affiner pour amener les jeunes vers le secteur qui leur correspond le plus. Des jeux de rôles viennent simuler des entretiens d’embauches, pour placer les jeunes dans un contexte concret de réinsertion professionnelle. Enfin, les jeunes sont redirigés vers des stages conventionnés, auprès d’entreprises partenaires, sous la tutelle d’un membre de l’entreprise en dialogue permanent avec Village Pilote. De quoi assurer une réinsertion socio-professionnelle efficace des jeunes avec un suivi de tout instant. Il s’agit véritablement d’un accompagnement au long terme, alors que les jeunes peuvent se faire aider pour la gestion de leurs premiers salaires, de leurs premiers mois en autonomie au sein de leur logement…
Dans le meilleur des cas, l’insertion professionnelle s’accompagne d’une réinsertion familiale, puisque les enfants ne représentent plus une contrainte pour leurs proches, mais deviennent au contraire autonome économiquement. Une médiation peut ainsi être effectuée avec la famille, parfois élargie, alors qu’un jeune s’apprête à débuter son parcours professionnel, afin de faciliter sa réintégration auprès de ses proches, et par la même occasion au sein de la société dans son ensemble.