La vulnérabilité des enfants migrants
Migrer est rarement un choix volontaire. Pour les enfants, c’est une expérience traumatisante qui les pousse à quitter leur pays d’origine pour fuir la guerre, la misère ou l’exploitation. Ces jeunes, souvent non accompagnés, laissent derrière eux famille, amis, et repères pour affronter un voyage dangereux et incertain.
Un enfant migrant, avant d’être considéré comme étranger, est d’abord un enfant avec des droits fondamentaux, définis par la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE). Pourtant, beaucoup se retrouvent dans des situations de grande précarité. En France, environ 95 % de ces enfants migrants sont des garçons, originaires principalement d’Afrique subsaharienne, du Maghreb, ou d’Asie. Les filles, moins nombreuses, subissent encore plus de violences, notamment sexuelles, tout au long de leur périple.
La reconnaissance de leur minorité : un parcours d’obstacles
Pour bénéficier d’une protection en tant que mineurs, ces jeunes doivent d’abord prouver leur âge. Ce processus peut prendre plusieurs mois, pendant lesquels ils restent sans prise en charge adéquate. Les méthodes d’évaluation de l’âge, comme les tests osseux, sont souvent contestées pour leur manque de fiabilité. À un âge où la plupart des adolescents français ne savent pas encore gérer des formalités administratives, on demande à ces jeunes de prouver leur minorité, parfois sans comprendre la complexité de la démarche.
En 2022, 24 300 jeunes migrants ont été reconnus comme mineurs non accompagnés et pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE). Ce chiffre représente une augmentation par rapport aux années précédentes. Au total, ces jeunes constituaient environ 14 % des 171 100 enfants pris en charge au titre de l’ASE. Toutefois, tous les mineurs isolés étrangers ne parviennent pas à faire reconnaître leur minorité.
Cette incertitude laisse beaucoup d’enfants dans des situations de grande vulnérabilité, les exposant aux dangers de la rue ou à des prises en charge inadaptées.
Protéger ces enfants : une urgence humanitaire
En attendant la reconnaissance de leur minorité, de nombreux enfants migrants se retrouvent à la rue, dans des hôtels précaires ou pris en charge par des ONG. Cette période d’attente prolongée les expose à des risques majeurs : violence, exploitation, traite humaine, ou délinquance. Leur santé physique et mentale se détériore souvent en raison du manque de soins appropriés et du stress post-traumatique. Privés d’un environnement stable, ils sont parfois incarcérés, faute de domicile fixe ou de tuteur légal, et leur détresse peut les conduire à l’automutilation ou aux tentatives de suicide.
Face à ces risques, plusieurs ONG et associations se mobilisent pour offrir à ces jeunes des solutions d’urgence, comme des hébergements temporaires, un suivi éducatif et médical. Mais ces initiatives, aussi importantes soient-elles, ne peuvent compenser les lacunes d’un système défaillant. Il est crucial que les pouvoirs publics renforcent leurs actions pour assurer à chaque enfant migrant un accueil digne et une protection effective.
Protéger ces enfants n’est pas seulement une question de respect du droit international, c’est un impératif moral. La rue ne devrait jamais être une option pour des enfants. La France, signataire de la CIDE, doit garantir à chaque mineur un refuge sûr, loin des dangers et des violences.